Peintre
« …Par l’utilisation du papier peint, arraché dans des maisons abandonnées du nord de la France, je témoigne de la petite et de la grande histoire.
Ces maisons sont souillées par les outrages du temps que la faillite des conditions économiques a permis de mettre à nues.
Nous sommes tous de quelque part, venant de lieux façonnés, réceptacles, abris ou frontières, habités ou désertés, qui nous imprègnent de leur harmonie ou de leur faille, nous orientent ou nous perdent.
Mémoire inscrite, contraintes installées, ruptures, failles ou faillites.
En m’attachant aux espaces domestiques, lieux façonnés par l’histoire des familles, j’interroge cette faille, réceptacle de codes qui inscrivent les êtres dans leurs lieux et postures.
Dans un premier temps mon intention est un travail de constat, rendant compte de la « Mémoire des lieux .
J’extirpe alors des résidus de papier peint dans des maisons abandonnées, puis je recrée à partir d’eux une mémoire collective, désuète et refoulée.
Je renforce et révèle ainsi les traces de vies (salissures, décrépitudes…) pour souligner l’échec de la mémoire et interroger sur la fragilité des valeurs esthétiques, sociales et historiques.
Dans un deuxième temps, que j’ai intitulé « Fragments d’une légende », les papiers peints, ces témoins historiques et sociaux de l’intimité de l’être, deviennent les indices d’un passage et les derniers résidus de l’abandon.
Alors « j’empreinte » sur eux des objets familiers et quotidiens : lavabos, robinets, tuyaux, têtes de lits, etc.
La question de l’identité est alors posée.
Celle qui nous engage, dès la naissance, à définir les preuves de notre cohérence au monde.
Le dernier temps intitulé «Le jeu du corps et Le corps du je» met en abîme la mémoire.
J’interroge le corps social par le biais du papier peint comme élément, indice référant à l’intimité de l’être.
La figure humaine est apparue dans mon travail, une figure à présent consciente et assumée…. »
Martine Hoyas