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JE VOUS PRESENTE … MICHEL SEMENIAKO

Photographie de forêt avec cabane en bois, de nuit éclairé en lightpainting de Michel Séméniako.

Il photographie de nuit paysages, architectures et objets. Il privilégie les lieux de mémoire sur lesquels il intervient à l’aide de faisceaux lumineux. Pratiquant des temps d’exposition très longs, il se déplace, sans jamais apparaître, dans l’espace photographié qu’il éclaire à la torche électrique. En redessinant des contours fictifs, en multipliant les directions d’ombre et de lumière, il sculpte des volumes qui transposent les objets et les paysages dans un univers onirique où les frontières entre visible et invisible, réel et imaginaire s’entremêlent. Dans sa série « Exil », il met en scène des personnages dans des décors nocturnes. Son deuxième axe de recherche est d’inspiration sociale. 

LA CABANE

La cabane est un langage non verbal qui instaure un dialogue entre l’homme et l’espace social. Elle est un refuge contre la civilisation industrielle globalisée et une figure de résistance à l’acculturation brutale qui en résulte.

Elle réveille en nous l’enfance endormie, elle est l’image de la construction possible d’un ailleurs.

Quand on arrive à la cabane, « …on laissera certaines choses en arrière, franchira une borne invisible ; des lois nouvelles, universelles, plus libérales, commenceront à s’établir autour et au-dedans de nous » H.D. Thoreau.

La cabane primitive fut un modèle de pensée pour des philosophes (Vitruve, J.J. Rousseau,  H.D. Thoreau…) des architectes (Perret, Prouvé, Le Corbusier) des artistes (Schwitters, Buren, Turrell) Ils ont conceptualisé une pensée écologique avant l’heure, reconstruisant le lien homme-nature avec la cabane en trait d’union.

« J’allais alors chercher quelques lieu sauvage dans la forêt, quelque lieu désert où rien ne montrant la main des hommes n’annonce la servitude et la domination, quelque asile où je puisse croire avoir pénétré le premier et où nul tiers importun ne vint s’interposer entre la nature et moi. » J.J. Rousseau

Et pourtant combien de cabanes différentes ! Autant que de contes de fée :

La grangette abrite le foin mais aussi des piques niques dominicaux, la cabane du jardin est la réserve d’oxygène et de calme après une dure journée de travail. Dans le jardin familial elle est le refuge de l’imaginaire enfantin, au bord de la mer elle réunit le monde des hommes à l’infini de l’horizon. Les zadistes nous disent avec leurs cabanes qu’une autre vie est possible dans la décroissance et le respect de la nature.

Ils ont construit des cabanes pour s’opposer à des projets pharaoniques de bétonisation d’espaces naturels, elles accueillent les militants et sont aussi des lieux de vie communautaire. Elle est la preuve que les hommes peuvent trouver sur place les moyens matériels et humains d’exister là.

« Ainsi les cabanes sont-elles des lieux où l’intelligence et les imaginaires entrent rapidement en ébullition. Ce sont des réserves de rêves et de réflexion pour quiconque y séjourne…Alors les paroles en s’entrelaçant, composent d’autres cabanes, de pensées et de mots cette fois, des programmes provisoires capables d’ouvrir de nouveaux horizons de vie. » Gilles A. Tiberghien

L’espace d’implantation de la cabane détermine sa perception. La même cabane dans un terrain vague, perchée sur un arbre, dans un jardin, un parc, une forêt etc.… prendra un autre sens, une autre interprétation. Sa seule architecture ne suffit donc pas à la décrire, son contexte est déterminant.

Thoreau insiste sur la situation de sa cabane au bord de l’étang de Walden, Le Corbusier sur son implantation au dessus de la mer et Rousseau au parc d’Ermenonville dans un lieu désert dominant un étang.

L’approche de la cabane, une fois énoncé sa définition archétypale (protection, enfance, résistance, retour aux origines), nécessite une description de sa fonction : abri de personne, d’outils, espace de travail, de loisir, de repos, refuge etc.). Nous pouvons aussi la catégorisée par son architecture :

Toujours provisoire, d’échelle réduite, quelquefois produite industriellement, plus souvent relevant de l’auto construction.  Souvent elle répond à des standards culturels et professionnels : cabanes d’huitriers, de pêche au carrelet, granges à foin, abri de berger, hébergement touristique…

Les gestionnaires des jardins familiaux tentent (avec peine !) d’imposer des normes de construction.

Mais la cabane est bien souvent en marge, implantée illégalement sans soucis des règlements d’urbanisme.

Elle n’en investit pas moins notre imaginaire. A travers la cabane, c’est de notre rapport au temps et à l’espace dont il est question.